Économie de demain

Depuis la Renaissance, l’économie est focalisée sur la notion de croissance à l’exclusion de toute autre considération. Je note que c’est justement sur ce point que le capitalisme fait l’objet des critiques les plus acerbes or, cette critique est parfois trop facile et est souvent émise par des personnes qui n’ont pas à se battre pour faire vivre une famille ou qui, par décision personnelle, ont décidé de ne pas entrer dans le circuit économique. Dans ce cas, la critique est facile et presque infondée. Mon point de vue est tout autre car ma critique du capitalisme s’accompagne d’une action quotidienne, réellement vécue : action où je me dois de trouver le juste équilibre entre ma survie économique et les impératifs de la société toute entière.

L’économie de demain se pensera essentiellement en termes de développement et non plus de simple croissance. Désormais, il ne sera plus possible de séparer l’économique de l’humain ou de scinder le développement des civilisations du développement du capital. Ainsi, la notion de croissance passera par la réalité selon laquelle chaque homme est indissociablement membre de la société et que, par voies de conséquences logiques, ce n’est pas seulement tel ou tel homme, mais tous les hommes qui sont appelés à un plein développement.

Je considère, dès lors, que le capitalisme ne peut et ne doit se développer sur la planète toute entière qu’à condition de trouver une nouvelle structuration interne qui lui permette :

◇ D’éviter les carences matérielles à ceux qui sont privés du minimum vital.

◇ De promouvoir des systèmes éducatifs qui luttent contre les carences morales de ceux qui sont possédés par l’égoïsme.

◇ De favoriser la knowledge society comme modèle ultime de la société de demain tel que l’avait suggéré Jacques Delors à la fin du 20e siècle.

◇ De fixer comme règle éthique le fait qu’aucune action capitalistique ne puisse nourrir, de près ou de loin, une action pouvant mener à un conflit (exemples : interdiction formelle d’investir dans des sociétés d’armements, interdiction formelle d’investir dans des sociétés qui produisent des contenus médias immoraux, interdiction formelle d’investir dans des sociétés qui distillent de l’alcool (véritable fléau social qui détruit les familles), interdiction formelle d’investir dans des sociétés qui détruisent l’environnement, interdiction formelle de financer des groupes, des partis ou des médias qui promeuvent des discours contraires à la Convention Universelle des Droits de l’Homme de Genève).

Cette transmutation du capitalisme en notion de développement pourra alors être considérée comme synonyme de paix car il est bien évident que les disparités économiques engendrent des disparités sociales et culturelles trop grandes entre les peuples et même au sein d’un même peuple. Ces disparités sont donc facteurs de tensions et de discordes qui mettent la paix en péril. La croissance du capital en rejoignant le développement va donc consacrer une part sensible de ses plus-values et de ses rendements à combattre la misère, à instaurer la règle implacable des droits de l’homme en luttant inlassablement contre l’injustice. En effet, la paix n’est pas une absence de guerre car on peut obtenir cette absence de guerre par un simple équilibre instable de forces menaçantes.

Un capitalisme qui se développerait uniquement sur l’ancien modèle, qui génère une masse importante de pauvres, une petite classe moyenne et une micro élite est un modèle périmé qui correspond à la première phase historique du capitalisme. Si le capitalisme veut continuer à se développer, il aura besoin de plus de consommateurs et sera donc obligé soit de disparaître, soit d’assurer la croissance des personnes les plus pauvres afin qu’elles puissent entrer dans la sphère de la consommation. Cette même consommation devant strictement se tenir dans les limites éthiques citées plus haut, point par point.